mercredi 28 février 2007

Délire : de l'art de ne rien raconter ni préciser

Marinette et la rigolade - puis - le prêcheur et la conversion

le blog à Josick est : http://amourpiegale3.blogspot.com/ C'est Josick qui parle :

Hilarité pastorale

Josick écrit :

Mon copain Zidorr', trois quarts de siècle, vieux conteur et auteur Breton en vernaculaire Gallo, vient de se fendre d'un écrit. Il m'avait raconté l'histoire de Marinette de vive voix et je lui avais fait : "Oui, c'est comme le sermon, qu'est-ce qu'il était intéressant ! Qu'est-ce que le curé a bien parlé !" Et alors ? Plus précisément : "Si tu allais à la messe, aussi !"
Estomaqué par ma remarque, il a fini par, conteur qu'il est, en faire une double histoire superbe illustration de l'esprit de masse qui cherche à faire masse et qui ne retient rien de bien probant.
A son mail intitulé "Délire", j'ai répondu ce qui suit :
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Dé lire... c'est à dire, ne pas savoir vraiment lire pas plus qu'écrire d'ailleurs. On est comme un spectateur assis en bordure d'une rivière, l'eau passe, les histoires aussi. On n'accroche rien, on ne construit rien. On se contente de se marrer sur le coup, on trouve cela drôle... et on ne se souviens que de soi, du rire que l'on a éprouvé, du sentiment de plaisir de l'instant... On a oublié le chemin qui nous y a conduit, on ne sait même pas qu'il y a un chemin, que tout dans la vie n'est que chemin, qu'il n'y a pas de finalité possible... Alors, tels des pasteurs savourant les joies de l'instant, on ne retient que ces joies furtives, point final se confondant au point de départ, oublie du décalage qui crée une distance entre un point d'origine et un point d'arrivé, satisfait seulement du plaisir obtenu, vie sans bon-heur réel... sans le sens de l'effort que la résistance du chemin qui nait fait naitre... Vie sans vie intérieure, vie au petit bonheur la chance, rien n'émerge en soi perçu comme une grotte obscure, nulle lumière intérieure... Vive l'errance et ses plaisirs furtifs, plaisirs volés... pas même mérités.
Bonne lecture,
Josik

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Zidorr' écrit :

Marinette et la rigolade, le prêcheur et la conversion





Il était une fois... Un jour, je suis allé chez un couple, chez Marinette et Pierre.
Le vieux couple avait passé sa journée dans une réunion de club : le club de la rencontre.
Ils avaient bu et mangé et étaient revenus enthousiastes de cette journée. En effet un conteur bonimenteur les avait littéralement enchantés. Comme les histoires et les bonnes blagues me permettent d'être conteur à mon tour, j'ai donc demandé ce qui les avait intéressé.
Marinette assise sur le canapé ne cessa de me dire: « Si vous saviez comme on a ri ! Mais si on a ri. Mais il nous a fait rire! Je crois bien qu'on n'a jamais tant rigolé de notre vie !
Je demande donc : « Mais qu'est-ce qu'il vous a raconté ? »
et Marinette de me répondre: « Mais on a ri , mais on a ri. On a tellement ri toute cet après-midi ! Ah si vous saviez comme on a ri; mais qu'est-ce qu'on a ri! »
Etonné et amusé, et surtout curieux, voulant en savoir plus, j'insiste et je demande : « Mais que vous a-t-il donc raconté pour rire autant? »
C'est alors que Marinette me répond : « Mais si vous saviez comme on a ri, mais on a ri , mais on a ri, il était tellement amusant qu'on n'a pas arrêté de rigoler. De notre vie jamais on n'avait autant ri. C'est pas possible : si vous saviez comme on a ri , mais on a ri ! »
Finalement je n'en ai pas su plus, je n'en n'ai pas ri; je ne sais pas qui était le fameux conteur si amusant.
Marinette ne rit plus: elle est dans l'au dela.
Je suis toujours en quête de cette fameuse journée où l'on a tant ri: amusant non ?

À propos de quête, il y a pas longtemps j'ai rencontré un bon pratiquant qui venait de la messe après avoir versé son obole à la quête. J'ai engagé la conversation avec cet homme si chaleureux . Notre rencontre a abouti à une sorte de prosélytisme, d'invitation à avenir écouter la prochaine homélie, en insistant sur la qualité de celle qu'il venait d'entendre.
« Notre pasteur nous a fait une homélie dont je me souviendrai toute ma vie. Si vous saviez comme c'était intéressant. Si vous saviez comme il a bien prêché. C'était bouleversant. Les personnes qui parlent comme cela en chaire, il faudrait aller les écouter tous les dimanches. »
Ecoutant passionnément, je voulais en savoir plus : « de quel événement le prêtre a-t-il parlé ? Quel a été le miracle qui vous a tellement enchanté ? »
C'est alors que j'ai eu l'explication suivante : « Ce prêcheur devrait parler à la radio. Tout le monde devrait l'entendre chaque dimanche. Entendre la bonne parole est la chose la plus exquise, et je vous invite à venir l'écouter dimanche prochain. »
Je recommence à poser des questions : « Mais que vous a-t-il donc raconté de si passionnant? »
C'est alors que j'ai eu cette réponse sublime : « Son sermon était passionnant, si intéressant, que jamais je n'en ai entendu d'aussi bien: c'était de toute beauté. Tout le monde devrait l'écouter, tout le monde devrait se précipiter pour l'écouter. »
C'est alors que j'insistais pour savoir ce qu'il avait dit: « de quoi a-t-il donc parlé qui peut être aussi passionnant ? »
J'ai eu cette réponse admirable : « J'ai eu tellement de joie, tellement de bonheur, tellement de ferveur à écoûter ce prêtre. J'en suis tout bouleversé . Tout le monde en sortant de l'église s'est exclamé : qu'est-ce qu'il a bien prêché! Son sermon était de toute beauté, la parole divine nous a touché au coeur! »
Au bout de cette conversation, je suis converti. Inutile de poser des questions, je n'en saurais pas plus.
Je « crois » que j'ai abordé le « mystère » de la simplicité et de ses limites! texte parlé de la bouche de Zidorr' à l'esclave informatique...

Josik écrit :

Dans la série "J'ai ne rien retenu mais qu'est-ce qu'on a ri"
En fait la régle c'est de ne rien retenir d'explicite de ce qui a été dit, seulement retenir l'émotion.
Et quand on sort du cadre ou tout ce qui ce dit doit rester flou dans les cervelles, les gens disent "je crois bien qu'il a dit que", sur le ton d'un secret qu'on revèle mais dont on n'est pas vraiment sûr.. car c'est comme un secret qu'on extirpe....
Pourtant, c'est simple "il a dit" ou "il n'a pas dit" Point...
Et bien non, les bonnes gens disent : je crois bien qu'il a dit... et ce sur le ton de la confidence



lundi 26 février 2007

Pour vous attirer, voir Luitré, Dompierre du Chemin

La légende de Roland ,

Aux environs de 1090, un certain TUROLD écrit la chanson de Roland

y’a le grand Charlemagne , à la barbe fleurie , Carolus Magnus , valeureux , chenu et vieux , qui aurait vécu 200 ans

y’a Roland , le neveu de Charlemagne , paladin , préfet et comte des marches de Bretagne

ça cé passé peu de temps avant l’an 800 , 22 ans
le 25 décembre Charlemagne est couronné empereur d’occident à AIX la Chapelle , déja la grande EUROPE

c’est un drame épique , l’expédition contre les 300 000 Sarrazins en espagne en 778 , et l’ épopée de Roncevaux , c'est une déroute , une défaite totale et humiliante , et 3 siècles plus tard c’est devenu l’épopée la plus glorieuse consacrée à Carolus , il a poursuivi les Sarrazins et pour qu’il puisse prolonger la poursuite : il prie si fort que Dieu arrete le soleil

y’a la belle Aude , au bras blanc , l’amour de Roland qui pleure encore la mort de Roland

y’a l’épée Durandal , l’épée de Roland impossible à casser et il cogne tellement qu’enfin Roland fait une brèche dans le Rocher

la brèche de Roncevaux

y’a l’olifan , le cor pour appeler à la rescousse , il souffle si fort , qu’il se rompt la veine du cou et meurt

Charlemagne accourt avec ses 20 000 francs barons et chevaliers , il regarde à terre et voit son neveu gisant et il dit Ami Roland , que Dieu mette ton ame parmi les fleurs du paradis , et parmi les êtres de gloire

la légende situe la brèche ici et l'histoire itou

At ‘ soir y’a Zidorr’ qui vous raconte ça

At ‘ soir y’a vous, amateurs d'épopées, qui raconterez cela en venant vous promener le dimanche avec vos enfants au Sauit Roland en Dompierre du Chemin (35)

Pendant 6 soirées d'été 2004 aux Rolanderies


En 2004, Zidorr
' , au milieu d'une merveilleuse nature, a évoqué le Preux Roland , neveu de Charlemagne .
Roland, préfet des Marches de Bretagne, armé de son épée "Durandal" saute avec son cheval , d'un roc à l'autre au dessus du goufre...
une première fois, pour le Bon Dieu
une seconde fois, pour la Bonne Vierge
une troisième fois, pour sa belle Aude au bras blanc

Voici l'épopée gravée sur bois par le conseil Général d'Ille et Vilaine (texte en Gallo de Zidorr')
Panneau à l'entrée du site remarquable

La Légende du Saut Roland

Le fameux Roland , n'veu d'Charlemagne qu'avE té prEfet dé Marches de BErtagne aurE enn' fa saoutE , au son jva , d'Enn' roch' à l'aoutt', et par apré il le rfit cor par plusieurs fas;

La pErmiErr' fa, i saouti pou' l'Bon Dieu , et, ma fa , ça marchi ben

La deuzièmm' fa , i saouti pou' la bonn' ViErgg', et ctE fa la , ça marchi cor ben !

Mé comm' , pari, i nn'avE jEmé assE , i r'saoulti Enn' troiziémm' fa pour sa mEniagErr' , mé c'coup la, ça fu pour son malheu !

I dEcquErouiElli, et fini pars'cassE la goull'dans l'fond du ravin et le vaïci kernobi au son j'va !

Au saout Roland, pas bé lin, y'a Enngrott'quî léss cor EchappE dé goutt' d'iaou . Lé bonhommes et lé bonnes fommes du paï, i disent que sa mEnàigErr' , Enn' s'en r'mit point 1 Et i z'esspliqq' qu'aprè ça, Enn' n'en pigni tout' lé larmes de son corps pour la mort d'son bonhomm'

Cé biaou, hein ?

Par en d'dans la grott' , i disent cor qu'i y'aurE un biaou palais, tout fin pien de trEsors, et pis cor dé piEcc' de monna . Mé, mEfiou ... mEfîou z'en ben, passque i y'aurE cor un greu dragon qui vEill' sus lé piEcc' et qui grill' et rouch' tous lé siens qui s'Enn' n'appErch' !

Ah , j'allE oubliE 1 Dans un coin , i ya cor Enn' massacc' pièrr' qui tient pas si tell'ment béleben. Ne y'i touch point! Passque si Ell' tombE, ça s'rE la fin du mondd' , et auss'teut l'jugement dErniE , pour nott' pus greu malheu et l'sien d'nos gamins !

Les soirées continuaient par des histoires désopilantes suivie d'une ambiance musicale et chantée autour d'une galette saucisse et bé lé bé de bolées.
Suivez les ROLANDERIES de Dompierre du Chemin (35)

Indicatif: équivalents du verbe tomber... en Gallo

de qua pas si tell'ment c'modd' ..........ça se saïe bé qu'cé lé conjuguézons
Indicatif présent , déja ..... du passé déja vieux!


Je tombb'
Tu chE
I' dEquErouiEll'

Nous dEpEdansons
Vous prenez Enn' pansée
I' s'trouvent à bas

Récitation : lundi matin , première heure , sinon pas de récréation

lundi 19 février 2007

le pays d'où je viens

Mon blogspot porte le titre “du Gallo et du patrimoine” , je vais vous parler ici du clocher de mon pays natal.

Je suis né à Luitré il y a trois quarts de siècle.

Ben oui çà ne se compte plus en années, ça se compte en siècle.


Ii y a peu, lors d'une réunion où il y avait de jeunes personnes de 20 - 23 ans, pour faire en sorte que cette réunion ne s’allonge pas, et que je puisse aller me coucher de bonne heure: j’ai donné cela comme prétexte: 3/4 de siècle !


J’explique alorrs comment j’allais faire une photo pour le besoin de cette réunion. Faisant un tour de table-coup d’oeil , j’aperçois une de ces personnes faisant des calculs sur les doigts. À ma question “qu’est ce que vous êtes en train de faire la? “. On ne répondit : «je suis en train de calculer combien ça fait trois quarts de siècle.»

Moi, ancien instituteur pendant cinq années, je compris que j’avais alors affaire à des jeunes nés avec une calculette dans la poche et ne sachant pas faire des opérations mentales sans outil électronique


Je me permets de penser que nous sommes dans une bien triste mais étonnante époque : celle où on ne peut ni travailler ni faire une quelconque opération sans être bé le ben (beaucoup) outillé, et comme on disait autrefois devant quelqu’un épaté par une réalisation sortie de notre tête et de nos mains « j’ai fait cela seulement avec ma b... et mon coutiau ! »

La signification n’est ni grossière ni surtout sexiste, cela veut dire tout simplement : « je me suis bien débrouillé tout seul et avec un rien d’outil pour construire ce que j’ai imaginé, et ça fonctionne ! » J'ai pas besoin de calculette ou d'outil sophistiqué . Que dalle ! Lire , écrire, compter dont calcul mental ! Cé le B A BA - dixit l'ancien instituteur !

Après cette parenthèse digressive...

Luitré faisait partie de la Baronnerie de Vitré . Luitré est à 160 m d'altitude . Son photographe d'autrefois aime son clocher natal .


Forte , robuste , cette tour-clocher date du 12 ème siècle, dans sa partie basse . Cette tour , toute de pierre, du pied jusqu'à la pointe , est toujours debout , dominant sa troisième église , datant de 1889 .


La foudre a frappé plusieurs fois ce clocher , dont la partie haute a été reconstruite , puis restaurée en 1701 et en 1850 . On l'a alors flanquée de deux contreforts pour consolider sa base .


Dans les années 1940 , le recteur (le prêtre responsable de la paroisse) d'alors exigeant sur les questions morales , et interdisant , en chaire , les bals et autres attractions du même genre , mais non dénué d'un certain humour , disait : " Il y a autant de belles filles dans la paroisse que d'ardoises sur le clocher ! " Faciles à compter , ... et beaucoup de déception : le vieux clocher trapu est entièrement construit en pierres taillées !


Ce clocher reste un beau témoignage de foi avec ses murs , en pierres du pays , extraites et charroyées par les ancêtres des Luitréens actuels .

L'abbé Louis Fleury ( DCD) a écrit une monographie très fouillée sur Luitré.

jeudi 15 février 2007

Un bon exercice : la Dictée d'Etrelles

L’exercice que nous faisons, est une manière de prouver la concision du Gallo, qui est une langue concise , comme le latin : “ Dura lex , sed lex ! “ : 4 mots latins, et 8 mots en français : “ la loi est dure, mais c’est la loi ! ” .

Nos anciens étaient des gens économes !

Voici quelques phrases qui ont été dictées par Zidorr' lors de la Fête Gallo d’Étrelles :

Tout d'abord une convenance tacite et reconnue par mes lecteurs , pour mon Gallo :

  • les E majuscules se prononcent « e »comme dans « le ».
  • “ Avez vous entendusiffler la couleuvre ? “ Il aurait été bon d'écrire : as-t’u bé ouï subiE la couleu “ -
  • “ l’école est finie , nous allons aller jouer dans les flaques d’eau . Attention , les enfants , il ne faut pas se battre “ Il aurait été bon d'écrire : la class’ é finitt’ , on va piacotE dans l’bouillon . Atteint lé queugniots , faou pas s’abrivE “
  • “ Il y a quelque temps , mon voisin s’est trouvé ensorcelé . “ Il aurait été bon d'écrire : Enn’ fa , mon vaïsin t’E encraoudE »
  • “ Nous sommes allés voir un exorciste pour le désensorceler . “ Il aurait été bon d'écrire : on é allE vas un déEsencraoudou pou le dEsencraoudE “
  • “ Maintenant , je m’en vais faire la dernière galette avec ce qu’il me reste de pâte . “ Il aurait été bon d'écrire : “ Ass’tour j’vas férr’ le galichon “
  • “ Il fait froid maintenant , va chercher des morceaux de bois prêts à brûler , pour faire du feu dans la cheminée . “ Il aurait été bon d'écrire : “ Fé t’i frE anE , va don qu’ri Enn’ brassée d’attEll’ pour férr’ Enn’ p’tit fouée “
  • “ Je vais bricoler un sureau pour un enfant, soit fabriquer un lanceur d’eau , soit fabriquer un lanceur de bouchons de filasse . “ Il aurait été bon d'écrire : “ j’m’en vas bouEnnE Enn’ gilouErr’ ou bé Enn’ pEtouErr’ “
  • “ Il y avait des trous dans la toiture, l’eau tombait partout , y compris dans le lit . “ Il aurait été bon d'écrire : le haou de la mézon t’E pErcé d’partout , l’iaou nous cheyE tout drEtt’ dans l’lEtt’ “
  • “ Nous allons mettre des entraves aux pieds des vaches . “ Il aurait été bon d'écrire : on va enheudE lé vaches “
  • “ La maman voulait faire une omelette , en cassant les œufs elle découvrit un œuf très avancé et donc immangeable . “ Il aurait été bon d'écrire : la memain vl’E cuErr’ Enn om’lett’ , mé y’avE un n’eu couviou “
  • “ Ceci nous parait très cher pour nous , mais pour les gens importants ce n’est qu’une petite dépense . “ Il aurait été bon d'écrire : cé bé chE pou nous, mé pou les gens d’la haoutt’ penas, cé qu’un bourriE “
  • Ça t’E point si facill’ que ça ! Hein ?